
C’était au mois de mai si je me souviens bien…
Et pourtant, ce jour là le ciel était bleu mais le vent du nord soufflait fort. Je m’étais réfugié près de l’entrée de cette tour hostile pour éviter le vent qui venait de la colline avoisinante. Je dois bien avouer que celui-ci me frigorifiait les mains et le visage.
J’allumais donc une dernière clope avant de quitter les lieux car le froid avait eu raison de moi au cours de l’après midi qui avait été d’un calme rare…
Cela faisait deux fois déjà que la dame était descendue… et par les deux fois elle s’affairait dans ce hall d’entrée relativement usé par le temps et les « brigands » …
D’un geste franc et précis, je balance ma clope au loin et j’emboîte le pas direction ma bagnole…
Et c’est à cet instant que la dame est revenue une troisième fois… D’une voix peu sur, elle me lance : « je vois que vous n’avez pas très chaud et mon mari et moi on s’est dit pourquoi ne pas vous inviter à prendre un café »… Je la remercie et la précède à travers ce dédale de portes claquantes et grinçantes qui séparent hall et couloirs…
J’entre chez eux… !
Ils sont maintenant là, tous les trois, réunis à me recevoir.
L’appartement sent un peu le refermé et n’est pas trop garnit faute de moyens..
La table est dressée d’un plateau de biscuits et trois tasses sont déposées ça est là…
Mais l’ensemble et eux sont d’un kitch trop génial, trop vrai !!!
C’était assez incroyable…en effet ils avaient sortis le beau plateau, les belles tasses et sous tasses sans oublier les cuillères …toute cette vaisselle que l’on sort une fois l’an !...et tout ça pour moi. J’étais à la fois touché et gêné car j’étais comme eux,…ni plus ni moins qu’un simple humain.
Quand l’instant de la photo fût, ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la position à prendre… ils ne parvenaient pas à savoir sur quel genou poser leur petit… c’était presque d’un autre temps, d’une autre époque …mais je les ai laissé faire à leurs guise car ça allait devenir « leur » photographie… Quand j’ai déclanché et que « la séance » était terminée, ils sont restés dans la même position à me regarder pour essayer de savoir si la photo allait être belle…. J’ai simplement répondu : « elle sera belle madame car elle sera vous trois » !
Au moment de partir ils m’ont affirmé plus d’une fois qu’ils me payeraient la photo…
Quelque temps plus tard, j’ai déposé la photo dans un cadre à la concierge… avec un superbe emballage cadeau.
Voilà l’histoire de cette photo.
*** Message édité par yvan le 18/01/2006 07:46 ***