Il avait photographié la guerre d'Espagne, la libération de Paris, Gandhi, Camus... Ses clichés se confondent avec l'histoire du XXème siècle. Mais c'était avant tout un artiste, qui voyait le monde avec les yeux d'un peintre, et qui avait trouvé dans la photographie une manière incomparable de rendre compte de ce monde, avec un instrument plus rapide que n'importe quel pinceau. "Pour moi, disait-il, l'appareil-photo est le prolongement de mon oeil".
Henri Cartier-Bresson est décédé lundi dans le Vaucluse. Il s’est éteint à quelques jours de ses 96 ans (il les aurait eus le 22 août), dans sa maison "Le Clos" à L'Isle-sur-la-Sorgue. Ses obsèques ont eu lieu mercredi. "Cela faisait plusieurs jours qu'il ne s'alimentait pas. Il s'affaiblissait lentement", a précisé son entourage.
Un regard humaniste derrière l'objectif
Né le 22 août 1908 à Chanteloup, en Seine-et-Marne, fils d'industriel, Henri Cartier-Bresson étudie la peinture dans l'atelier du cubiste André Lhôte, après avoir échoué au baccalauréat. En 1931, il publie son premier reportage de photographe professionnel dans "Vu". Parcourant le monde, il voyage en Afrique, au Mexique, aux Etats-Unis, réalise en 1936 un documentaire sur les hôpitaux de l'Espagne républicaine et rencontre le cinéaste Jean Renoir dont il devient l'assistant. Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, évadé en 1943, il rallie la Résistance et tourne, à la Libération, son deuxième documentaire, "Le Retour" (1945). Deux ans plus tard, une exposition-hommage à New York le rend célèbre à 39 ans. La même année il fonde, notamment avec Robert Capa, l'agence-coopérative de photos Magnum.
Dès lors, Henri Cartier-Bresson se partage entre reportages, publications et grandes expositions dans le monde entier. Premier photographe admis en URSS en 1954, il publie cette année-là "Danses à Bali" et "D'une Chine à l'autre". Ces albums sont suivis d'une vingtaine d'autres titres, notamment "Les Européens", "L'Homme et la machine", "Vive la France", "Visage d'Asie", "Photoportraits"… Plus récemment, il a publié "Vers un autre futur, un regard libertaire" (2000) et "Paysages" (2001). Son œuvre, préservée depuis 2003 par la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, est également connue dans le monde entier grâce à une vingtaine d'expositions: Paris (1955, 1980, 2003), New York (1974), Mexico (1982), Tokyo (1989), Rome (1990) et Zurich (1998).
Henri Cartier-Bresson, qui a toujours refusé de dissocier la peinture et la photographie, s'était remis au dessin dans les années 1970. Il avait reçu en 1981 le Grand prix national de la photographie.
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